La Corse, c'est le cauchemar des romains
Eh oui, ça devait bien arriver un jour, je suis reviendue, bronzée et enthousiaste comme au premier jour.
Tout il est pareil ici, tout moche, tout gris, tout triste. Le Stalag 17 n'a pas changé d'un pouce.
Forcément, je vais faire le récit par le menu de mes vacances au pays du maquis, du bruccio, des cochons et des indépendantistes.
Du maquis j'en ai vu, je l'ai senti, des cochons, pas tellement (voire pas du tout en y réfléchissant bien), et des indépendantistes, beaucoup. La tenue de l'été au village, c'était le treillis, les rangers et le t-shirt Corsica Nazione.
Un petit bilan chiffré :
Kilos de sable dans la voiture : environ 10
Tasses bues par le pt'it gars : environ 50
Guêpes écrasées : 1
Scarabées boutés hors de la maison : 1 (trés gros, trés moche, beurk)
Vaches sur le bord de la route : environ 100
Questions posées par le pt'it gars : environ 1500 (soit une bonne centaine par jour)
Bâtons ramassés par le pt'it gars : environ 90 (soit 6 par jour en moyenne)
Euros laissés au carrossier (un enfoiré m'a abîmé ma voiture de location) : 180
Maman, pourquoi l'avion il se penche ?
Je passe sur le trajet en avion, pendant lequel ma voisine m'a raconté le suicide de son mari. Bien évidemment, au moment où il fallait attacher sa ceinture avant l'atterrissage, Timinus a voulu aller faire son pitipipi. Je me suis donc fait fusiller du regard par les hôtesses pour aller tenir la zézette de Timinus, trop occupé à se boucher les oreilles car il y avait trop de bruit dans les gogues de l'avion (et trop de bruit, ça fait peur aux pitizenfants).
Maman, pourquoi le Monsieur y dit pas bonjour ?
A côté de notre location, habitait l'idiot du village, un neuneu pur jus : le gars qui passe ses journées dans une chaise de jardin devant sa maison. Bouge pas, sauf pour aller s'asseoir un peu plus loin (en faisant gngngngngngngngneugneu !) ou pour aller jeter les poubelles en bas du chemin. Nous autres les pinzutes bien élevés, on le salue le gars. Bonjour qu'on lui dit, et invariablement le gars ne répond pas. C'est là que mon pt'it gars pose la killing question :
- Maman, pourquoi le monsieur y répond pas ?
- Parce qu'il est un peu neuneu
- C'est quoi neuneu ?
- Il est un peu bête tu vois !
- Pourquoi il est bête ?
- Parce que c'est comme ça, il est né neuneu.
- Pourquoi il est né comme ça ?
- Argghhhhh...
Maman, pourquoi les vagues elles se cassent ? Maman, pourquoi le sable il est dur ? Maman, pourquoi le sable il est mouillé ? Maman, pourquoi le monsieur il a pas de maillot de bain ?
Il y a en Corse une catégorie bien particulière de beauf : le beauf rital. Ce n'est pas parce qu'il est italien qu'il est moins vulgaire et insupportable, bien au contraire. Non, les italiens ne sont pas tous de distingués chanteurs de bel canto, ni des hommes de génie, ni des architectes de talent. Non, ils ne ressemblent pas tous à Eros Ramazzotti. Définitivement non.
Le beauf italien se décline en deux catégories : celui à enfants et celui à chien (c'est en général, l'un ou l'autre). Il élève aussi mal ses gosses, que son chien. Tu es sur ta serviette en train de profiter du soleil, de la mer, bref de tes vacances, et tu te reçois des tonnes de sable ou d'eau, car la délicieuse progéniture transalpine a décidé de faire de ton espace à toi, SON terrain de jeux débiles. Si tu les engueules, ils te répondent grosso modo d'aller te faire foutre.
Quant au chien, il a le droit d'aller se baigner à côté de toi, et surtout, de s'ébrouer comme un fou à côté de ton sac de plage, puis de se rouler dans le sable et de se secouer à nouveau. Tu es dans ce cas autorisé à changer tes affaires de place. Tu n'as pas le droit d'émettre une once de protestation, sans courir le risque, là encore, de te faire traiter de tous les noms.
Et pire du pire, le nouveau beauf rital se baigne tout nu. Il adore se faire dorer les couilles au soleil. Il adore aussi se pencher pour ramasser des trucs dans le sable ou sous l'eau : la jolie vue, de dos, c'est un vrai bonheur. Tranche de dialogue entre mon frère et moi :
"Qu'est-ce-qu'ils ramassent dans l'eau Jésus-Christ et sa copine ?" me demande mon frère en désignant un affreux rital baba-cool à poil avec un masque de plongée.
"Ses poils de couilles, je suppose", que j'y réponds, avec toute la distinction qui me caractérise.
"T'as raison, faut pas les laisser traîner !"
Parfois, c'est madame grobeauf qui se fout à poil et ça donne des couples des plus improbables : grosse poufiasse choucroutée-méchée avec chaîne autour de la taille / haricot malingre avec maillot et bonnet de bain bicolore+grosses lunettes de piscine.
Et les vacances se poursuivent dans la joie et la bonne humeur.
Maman, pourquoi mes oreilles elles se bouchent ?
Après avoir copieusement marché sur les pieds de Mimi Mathy pour accompagner le pt'it gars aux cabinets (oui je sais), j'ai demandé s'il pouvait aller dans la cabine de pilotage. Oui qu'on m'a dit. Je ne sais pas ce qu'ils lui ont fait, mais il en est revenu tout prostré.
- Alors, c'était comment la cabine de pilotage ? (parce que j'aurais bien voulu y aller moi, tu vois !!)
- Ben, c'était bien.
Après ça, le steward annonce sur un ton goguenard qu'on va se taper la perturbation de l'année, un truc du genre El Nino : ils débarrassent les verres et cannettes, et zip, ferment le petit rideau. Là, je commence à flipper comme une bête. Je me cramponne à mon siège, mes mains deviennent toutes moites. Maman, pourquoi l'avion il bouge ?
Oh Maman, regarde en bas, là, c'est rigolo tous les nuages !!!. Puis je me raisonne : il ne se passe RIEN, leur perturbation apocalyptique c'est du méga pipeau.
Maman, je veux pas retourner à l'école !!!!!!!!!!