Encore une démission
C'est fou, le turn-over du Cook County Hospital de Chicago est en train d'avoisiner celui du Stalag 17 : après Malucci, parti en traitant Weaver de sale gouine nazie (un grand moment) et Cleo, qui ont succédé à Doug Ross et Carole Hathaway, et à Lucy qui s'est fait zigouiller à coups de grand couteau de boucher, c'est au tour de Benton de claquer sa démission.
(J'ouvre ici une petite parenthèse : je me suis toujours demandée pourquoi les américains sont si bien équipés en couteaux de boucher. Ils en ont toujours toute une panoplie chez eux, qui leur permet de se faire occire par un psychopathe de passage ou de l'occire sur le comptoir de la cuisine Poggenpohl. A croire qu'ils y découpent des boeufs entiers. Dans Urgences, le staff a besoin d'un immense couteau, avec une lame d'au moins 40 cm de long pour couper un gâteau, vert et rose. C'est comme ça que le schizo Paul Sobricki a accompli son terrible forfait. Je referme cette sanglante parenthèse).
Tout le monde se barre, pourtant l'ambiance est très bonne, notamment sous l'impulsion de Romano (qui se prénomme quand même Robert), qui présente d'indéniables qualités humaines (psychologie, disponibilité, écoute) propres aux grands managers, et je sais de quoi je parle. Il sait se montrer si compréhensif : quand Benton lui demande un aménagement de ses horaires pour passer plus de temps avec son fils (né super prématuré et atteint de surdité), après lui avoir dit que Carla était morte ("et alors ?"que dit l'affreux gnôme), évidemment Romano refuse, en lui jetant à la figure un truc sympa du genre : "Ouais c'est ça, sacrifie ta carrière pour devenir mère au foyer !".
Je pose la question : qu'est-il donc arrivé à Paul Mc Crane, ce petit rouquin gentil, un rien niais, qui découvrait son homosexualité dans Fame ?
Oui, c'est bien de cet homme que je parle : ce petit gars avec un regard d'épagneul et une chevelure mousseuse (et flamboyante). Dans Fame (en réécoutant la BO, le morceau final ressemble VRAIMENT à du Rondo Vénéziano), il pousse même la chansonnette, avec un certain talent. Il a mal tourné, c'est fou ce qu'il est devenu méchant !
Benton, c'est un winner, un gars qui a la gnaque, un super chirurgien qui a passé le début de sa vie professionnelle à montrer qu'il n'en est pas arrivé là uniquement grâce aux quotas, à la discrimination positive, mais grâce à du travail et de l'abnégation.
Il a le triomphe modeste le Peter. Du concentré d'humilité.
Et puis, s'il a réussi, c'est aussi parce qu'il n'a jamais fait dans le sentiment : l'affectif, c'est pas son truc. Il est tout de même à deux doigts de pleurer quand Carter (à qui il a sauvé la vie) lui offre un jeton de métro comme cadeau d'adieu ("j'aurais préféré une montre !").
Ce qui précipite son départ cest sa prise de conscience aiguë que sa vie de famille dit passer avant son travail : c'est beau, j'en ai la larme à l'oeil. A noter cependant que le départ de Benton a été préparé, avec l'arrivée, il y a quelques semaines d'un nouvel externe, noir lui aussi (question de quotas ?). Le Docteur Gallant sera-t-il à la hauteur ? C'est tout le problème des nouveaux dans une boîte : ce qui est sûr c'est qu'on ne demande pas au personnel des Urgences de réserver aux petits nouveaux "le meilleur accueil" (cf.
Madame MD qui en parle très bien), comme au Stalag 17.
Je remarque enfin que les démissions au Stalag sont beaucoup moins sensationnelles et musicales : en dehors d'une secrétaire disparue dans des circonstances mystérieuses (Mulder et Scully sont sur le coup), c'est très banal chez nous, et surtout, personne ne sauve des vies avant de s'en aller.
Ce qui est certain par contre, c'est que nous sauverons les nôtres en nous barrant !!!